En gardant le cou libre, la tête sur les épaules, la colonne vertébrale toujours plus souple et la pensée vive.
Christine a mal au dos. Elle est médecin généraliste et pratique la musique. Elle a entendu parler de la Technique Alexander par ses professeurs de musique. Ses douleurs de dos sont récurrentes et apparaissent aussi bien lors de ses activités professionnelles que lorsqu'elle joue du piano. En la questionnant, elle prend conscience que ces douleurs apparaissent souvent lors de moments de fatigue ou de stress.
Christine arrive pour prendre une leçon. Fabrice, le professeur de Technique F.M. Alexander, lui propose dans un premier temps de s'allonger. Il travaille avec un toucher doux et précis et perçoit des tensions dans le bas du dos et entre les omoplates. En mettant en mouvement les jambes de Christine, il précise la localisation des points de tensions et lui demande alors à quoi elle est attentive. Elle répond qu'elle pense à ses douleurs.
Fabrice lui propose d'ouvrir son attention vers les points d'appui qu'elle perçoit et vers les supports qui s'offrent à elle. Sa conscience du corps et de l'environnement devient alors plus large. Elle sort de la focalisation et ses tensions font maintenant partie d'un tout. Elle ne se rétrécit plus autour de ses douleurs. Elle se prend en compte dans une globalité.
C'est une première étape. Fabrice peut maintenant diriger le travail vers la cause des douleurs. Que fait Christine lorsqu'elle traverse un moment de stress ou de fatigue? Comment vit-elle à travers son corps? Le dialogue sensitif et verbal se poursuit entre l'élève et le professeur. Celui-ci invite Christine a explorer son propre mouvement. Sa colonne vertébrale se fige au niveau des lombaires et des cervicales quelle que soit la position dans laquelle elle se trouve, et la tension s'accentue lorsqu'elle se met en mouvement. Fabrice perçoit chez son élève une tendance à rétrécir les muscles de la colonne lorsqu'elle se met debout, ce qui entraine des tensions dans la nuque et dans les jambes. C'est comme si elle voulait s'extraire du sol et non s'y déposer. La relation entre la tête et la colonne est figée et le mouvement ne s'opère plus.
F.M. Alexander dans ses recherches a fait l'observation, chez les vertébrés, qu'il existe un rapport entre l'orientation de la tête et la longueur de la colonne. En effet, en stimulant une certaine direction de la tête vers l'avant et le haut, certains muscles de la colonne vertébrale s'allongent et préparent le mouvement à venir. C'est cette découverte que F.M. Alexander appelle le "contrôle primaire".
A nouveau le professeur guide l'attention de Christine vers les supports environnants, ce qui provoque une légère détente. Il peut aussi grâce au toucher, proposer une direction de la tête vers le haut et une ouverture complète des cervicales. Il sollicite encore son attention vers le support du sol afin qu'elle accepte de s'y déposer ; les tensions au niveau des lombaires diminuent. Christine respire. Elle prend conscience à ce moment-là que lorsqu'elle est stressée, elle resserre la nuque et se rétrécit. Elle se voit en train de le faire et en prend conscience.
Cela lui donne une piste à explorer lorsqu'elle traversera à nouveau une période difficile lors de son activité professionnelle ou lorsqu'elle jouera de son instrument. Elle pourra ainsi agir de façon préventive, en se donnant des directions d'attention constructives, en se proposant d'orienter sa pensée depuis le centre (stimulation du contrôle primaire) vers les supports dont elle dispose. Et ainsi le corps trouvera une qualité propice à un agir plus souple et flexible.
Bien vivre dans son corps c'est se donner de l'attention à soi-même, ne pas s'oublier au profit des tâches que l'on a à faire. C'est se poser dans le présent du vivre pour libérer le corps de l'emprise des habitudes.